5 albums de musique classique pour adoucir le confinement

Schubert : Trios pour violon, violoncelle et piano.
Pas de soliste de renom international, Robert Levin est surtout admiré comme musicologue et Noah Bendix-Balgley tient tout de même le rang de premier violon solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Mais à un concours d’ego a été préférée la médaille d’or de l’écoute et de la pensée collective.

Crescendo Magazine : Trios avec piano de Schubert

Robert Levin n’en est pas à son coup d’essai pour l’élégant label Le Palais des Dégustateurs. Il a enregistré des pages pour violon et piano de Mozart avec Gérard Poulet et les Trios KV 442 et 496 du même Mozart avec Hilary Hahn et Alain Meunier. En mars dernier, nous avons présenté son album des Six Partitas de Bach BWV 825-830, salué par un Joker absolu. Cette fois, ce sont les Trios avec piano de Schubert qui font l’objet d’un nouvel album, enregistré en décembre 2016 au Couvent des Jacobins de Beaune. Aux côtés de Robert Levin (°1947), on trouve Noah Bendix-Balgley (°1984), finaliste du Concours Reine Elisabeth en 2009. Actuel premier violon solo de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, il a été aussi premier violon de l’Orchestre Symphonique de Pittsburgh de 2011 à 2014. Le troisième partenaire est Peter Wiley (°1955), membre du Beaux-Arts Trio avec lequel il a donné plus de mille concerts, puis du Quatuor Guarneri avant de fonder le groupe Opus One Piano Quartet. Réuni pour la première fois à l’occasion des concerts autour de la présente gravure, le trio américain livre de ces pages de Schubert des interprétations séduisantes, dans un vrai climat de complicité.

Quadrature du cercle – Quatuor Béla, Debussy / Magnard

Le Quatuor Béla signe au Palais des dégustateurs un somptueux et inédit programme Debussy-Magnard – réunion de deux œuvres que tout oppose sur le plan stylistique, alors même que les deux compositeurs étaient exacts contemporains et incarnent, chacun à sa façon une face de cette modernité qui clôt un siècle et en ouvre un nouveau. Il faut lire dans ce parfum de gloire posthume qui les réunit tous deux, le résultat d’une méprise et d’un concours de circonstance pendant la Grande Guerre, Magnard célébré comme héros national bien malgré lui et Debussy donnant imprudemment dans le cocardier. L’interprétation du Quatuor Béla donne à Debussy une carrure et une âpreté qui regarde déjà vers les futurs grands noms de la sphère Mitteleuropa, beau préambule à l’écoute du rare Quatuor d’Albéric Magnard, vertigineux monument où circulent les ténèbres et les doutes. Un enregistrement beau et inclassable, à ranger à « varia » ou « insolites ».